Homélie de Mgr Bernard ARDURA

Ecrit par Webmaster le 11 décembre 2018. Publié dans Actualité générale, Evénements

Découvre l’homélie de Monseigneur Bernard ARDURA, Président du Comité pontifical pour les sciences historiques, à l’occasion de la Solennité de Saint Nicolas le 6 décembre 2018 en l’église de Saint Nicolas des Lorrains à Rome.


Frères et Sœurs dans le Christ,

Saint patron des enfants, des jeunes, des écoliers, des filles à marier, des pharmaciens, des commerçants, des marins et des pêcheurs, saint Nicolas est l’un des saints les plus aimés et les plus vénérés au monde, tant de la part des catholiques que des orthodoxes, comme en témoignent à Rome outre cette église des Lorrains, l’église San Nicola in carcere, construite au milieu d’un quartier autrefois peuplé de grecs, et l’église saint Nicolas, paroisse des orthodoxes russes de Rome.

Saint populaire par excellence, Nicolas a inspiré toute une littérature hagiographique dont témoigne la décoration de notre église Saint-Nicolas-des-Lorrains. Né vers 260 à Patare dans l’actuelle Turquie, approximativement en face de l’île de Rhodes – si l’on s’en tient à l’archimandrite Michel qui met par écrit vers 710 une tradition orale hautement probable – Nicolas dont le nom signifie « Victorieux », est surtout connu comme évêque Myrrhe, à cette époque deuxième grand port de l’Asie Mineure avec Patare.

L’élection de Nicolas, encore laïc, à la tête de l’Église de Myrrhe vers l’an 300, fut présentée, quatre siècles plus tard, par l’hagiographe Michel sous une forme légendaire dans le but de prouver que cette élection n’était pas le résultat de négociations humaines, mais le fruit de la seule volonté de Dieu. Sur la lancée, plusieurs écrivains, dont Métaphraste au Xe siècle, ont voulu enrichir la figure de l’évêque Nicolas en faisant de lui un courageux pasteur persécuté avec ses fidèles et puni d’exil, dura nt la persécution relancée par Licinius en 319, soit six ans après l’Édit de Milan. L’historien byzantin Nicéphore Calixte écrivait à propos du premier Concile œcuménique tenu à Nicée en 325 : « Au concile de Nicée, beaucoup resplendissaient des dons apostoliques. Nombreux, pour s’être maintenus constants dans la confession de la foi, en portaient encore dans la chair les cicatrices et les signes, et spécialement, parmi les évêques, Nicolas, évêque de Myrrhe […] »

Si le nom de Nicolas apparaît dans la liste des Pères du concile de Nicée rédigée par Thédore le Lecteur vers 515, on ne sait absolument rien de sa participation au concile convoqué par Constantin le Grand, qui eut à se prononcer sur la nature divine du Christ, consubstantiel au Père, doctrine contestée par Arius. Toutefois, une antique prière adressée à saint Nicolas évoque son rôle de pasteur, témoin fidèle de la foi chrétienne : « O bienheureux évêque Nicolas, toi qui par tes œuvres t’es montré à ton troupeau comme règle de la foi et modèle de douceur et de tempérance, toi qui, par ton humilité, as atteint une gloire sublime et, par ton amour pour la pauvreté, as obtenu les richesses célestes, intercède auprès du Christ-Dieu pour nous faire obtenir le salut de l’âme ». Une chose est certaine, Nicolas fut du côté de saint Athanase d’Alexandrie et de l’orthodoxie, autrement la liturgie ne l’aurait point qualifié de « règle de la foi ».

Peut-être, à la différence de saint Athanase, bien connu pour sa défense « musclée » de la doctrine catholique, saint Nicolas s’est-il aussi caractérisé par son grand amour pour l’harmonie à l’intérieur de l’Église. C’est ainsi qu’on lui prête, à force de patience et de douceur, le ralliement de l’évêque de Nicée, Théognide, auparavant sympathisant d’Arius. La prophétie d’Isaïe éclaire le personnage et l’action de Nicolas, « consacré par l’onction, envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération ». En effet, pasteur infatigable, saint Nicolas se préoccupa non seulement de l’annonce de l’Évangile, mais encore de répondre aux nécessités des pauvres et des indigents, ce qui ne manqua pas d’enrichir sa légende populaire. Il suffit de penser à al façon miraculeuse dont Nicolas mit fin à la famine qui affligeait les habitants de Myrrhe, ou encore à la libération des trois habitants de Myrrhe, innocents condamnés à mort, pour avoir été faussement accusés d’avoir fomenté des désordres publics. Absent de la ville, Nicolas, à peine prévenu de la condamnation de ses trois fidèles, se rendit sur le lieu prévu de leur exécution. Il se fraya un chemin au milieu de la foule accourue pour assister à la mise à mort, s’avança jusqu’au bourreau et lui prit son épée. Une fois les innocents libérés, Nicolas se r4endit au palais du préfet Eustaze et y entra sans se faire annoncer. Arrivé devant le préfet, il l’apostropha et l’accusa d’injustices, de violences et de corruption, puis menaça de porter l’affaire devant l’Empereur. Le préfet s’étant repenti, Nicolas n’insista pas et le pardonna, heureux d’avoir rétabli la vérité et la justice. Les saints sont pour nous des modèles, car leur vie n’est autre que l’Évangile appliqué, l’Évangile vécu. La vie de saint Nicolas, entièrement donnée, fut une réponse à cette invitation de l’Apôtre saint Jean : « Lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité ».

Comment ne pas entendre retentir en nos cœurs l’enseignement constant du pape François qui nous invite tous à la cohérence entre notre fois professée et notre vie vécue au quotidien ? C’est toute la difficulté de la vie chrétienne, vivre « la perfection de l’amour », définition de la sainteté choisie par le concile Vatican II. Saint Nicolas et tous les saints sont des modèles, mais aussi de puissants intercesseurs en notre faveur auprès de Dieu. Au nom du Christ et avec le Christ, les demandent pour nous au Père le dont de « l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut r4ecevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous ».

Je vous invite à vous unir à cette prière proposée par la paroisse de Saint-Nicolas-des-Champs à Paris :

Saint Nicolas,

Tout au long de ta vie, tu as été conduit par la foi, l’espérance et la charité.

Tu as été un modèle de justice et de douceur.

Tu as ainsi obtenu par ton humilité d’entrer dans le Royaume du Père éternel.

Nous croyons que tu intercèdes pour nous auprès de Lui : nous te remercions pour l’e3xemple que tu nous donnes.

Tu accordes bien volontiers ta protection à tous ceux dont tu es le saint patron :

les écoliers, les étudiants, les voyageurs, les pauvres, les affligés,

les célibataires, mais aussi tous ceux qui se confient à toi.

Nous te confions notre paroisse, tous ceux qui entrent dans notre église, tous les habitants de notre quartier.

Nous te confions nos familles et toutes nos intentions.

Tu as été le défenseur de la foi :

obtiens-nous la conversion du cœur, l’amour de l’Église et de nos frères.

Ouvre-nous aux dons de l’Esprit Saint pour que nous demeurions fermes dans notre attachement à Jésus.

Saint Nicolas, prie pour nous !

Amen !

Balise :, ,